
Mike Johnson abat son mateau une fois la loi adoptée par la Chambre des représentants, le 3 juillet 2025 au Congrès à Washington ( AFP / Alex WROBLEWSKI )
Donald Trump a remporté jeudi la première victoire législative majeure de son second mandat après l'adoption au forceps par le Congrès américain d'un grand projet de loi budgétaire qui acte des baisses des impôts et des coupes dans la protection sociale des Américains.
Après le Sénat, qui l'avait approuvé mardi de justesse, la Chambre des représentants a adopté définitivement ce texte de 869 pages, baptisé "grande et belle loi" par le président lui-même, lors d'un vote très serré jeudi, précédé de multiples pressions et tractations.
"VICTOIRE", a immédiatement réagi la Maison Blanche dans un message sur X. Donald Trump promulguera ce texte, clé de voûte de son programme économique, vendredi, jour de la fête nationale américaine.

Le tableau d'affichage du vote à la Chambre des représentants jeudi 3 juillet 2025 à Washington ( AFP / Alex WROBLEWSKI )
"Ce texte rassemble toutes les politiques sur lesquelles le président a fait campagne et pour lesquelles les Américains ont voté le 5 novembre," a déclaré à la presse Karoline Leavitt, porte-parole de la Maison Blanche, évoquant "un pont vers l'âge d'or de l'Amérique."
Cette "One Big Beautiful Bill" prévoit la prolongation de colossaux crédits d'impôt adoptés lors du premier mandat du républicain, l'élimination de l'imposition sur les pourboires, une promesse phare de sa campagne, ainsi que des milliards de dollars supplémentaires pour la défense et la lutte contre l'immigration.
Pour compenser en partie le creusement du déficit, les républicains ont adopté d'immenses coupes dans Medicaid, programme public d'assurance santé dont dépendent des millions d'Américains aux faibles revenus.
Une réduction drastique du principal programme d'aide alimentaire du pays est également prévue, de même que la suppression de nombreuses incitations fiscales en faveur des énergies renouvelables adoptées sous Joe Biden.
- Dette -
Pour dénoncer cette "monstruosité répugnante" qui "fera souffrir les Américains ordinaires", le chef de file des élus démocrates Hakeem Jeffries a prononcé jeudi un discours de près de neuf heures -un record à la Chambre des représentants- afin de repousser au maximum le vote final.
Une fois le scrutin remporté par 218 voix contre 214, des parlementaires ont scandé "USA, USA, USA!" dans l'hémicycle.
Seulement deux élus de la majorité conservatrice ont finalement voté "contre", résultat de la pression maximale exercée par les dirigeants du Parti républicain et par Donald Trump lui-même pour obtenir cette victoire.
Mercredi soir, il avait élevé le ton et fait part sur son réseau Truth Social de son impatience. "Qu'est-ce que les républicains attendent?", avait-il lancé.
Le chef de l'Etat a parlé au téléphone à des élus récalcitrants de son camp jusqu'à tard dans la nuit pour les convaincre, selon le chef de la Chambre des représentants, le républicain Mike Johnson.

Le président de la Chambre des représentants Mike Johnson, le vice-président JD Vance et le président américain Donald Trump au Congrès à Washington, le 4 mars 2025 ( POOL / Win McNamee )
Initialement prévu mercredi, le vote final n'a eu lieu que jeudi en début d'après-midi à Washington. Le parti présidentiel ne pouvait pas se permettre plus de trois défections dans son propre camp.
L'explosion attendue du déficit public a rendu l'adoption de la loi difficile pour de nombreux républicains attachés au sérieux budgétaire
Le Bureau budgétaire du Congrès, chargé d'évaluer de manière non partisane l'impact des projets de loi sur les finances publiques, a estimé mardi que le texte augmenterait la dette de plus de 3.400 milliards de dollars d'ici 2034.
- Loi "cruelle" -
"Je suis venu à Washington pour aider à freiner notre dette nationale", avait ainsi affirmé Keith Self, un élu républicain à la Chambre en exprimant son opposition au texte -- avant de finalement rentrer dans le rang et de voter "oui".
Le texte avait été adopté au Sénat de justesse, mardi, après 26 heures de votes sur des dizaines d'amendements.
Les démocrates, minoritaires dans les deux chambres du Congrès, n'ont pu que retarder l'adoption de la loi.
"17 millions de personnes viennent de perdre leur assurance santé", a dénoncé sur X le gouverneur démocrate de Californie, Gavin Newsom, qui s'affirme comme une figure majeure de l'opposition à Donald Trump.
L'ancien président démocrate Joe Biden a, lui, dénoncé une loi "pas seulement irresponsable, mais cruelle", citant "les grandes baisses d'impôts pour les milliardaires."
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